CAISSE de

TRANSACTIONS

Impossible retour du troc

Le retour au troc comme système économique à l'échelle de la planète est purement illusoire. Comment imaginer aujourd'hui, autrement que localement et marginalement, les acteurs économiques du monde entier revenir à un système d'échanges de produits ou de services pour huiler notre économie ? Non, c'est tout simplement impensable. On ne peut pas nier qu'il existe un peu partout à travers le monde des réseaux de troc temps, troc produits, troc services... mais ces systèmes restent marginaux et ne peuvent en aucune manière influencer le cours de l'économie actuelle ou future. Les raisons qui peuvent justifier cet impensable retour sont les suivantes :

·        depuis que les produits et services sont adossés à une valeur de marché, les échanges sont très précis et très justes. Nous raisonnons en centimes et en grammes. Chaque économie est importante. Surtout si la transaction porte sur des tonnes de marchandises ou des millions d'euros. Cela entraine ainsi une fluidité du marché. Comment quantifier la justesse d'une transaction portant sur une table de bureau contre trois beaux pantalons. Par ailleurs, si on tient compte du fait que la table a appartenu à Charlemagne, combien de pantalons devront être mis dans la balance ? Tout ce système de troc peut perdurer dans une relation conviviale et non professionnelle, mais dès que la machine s'accélère, le bon vieux troc y perd son latin et tout devient très lent et très compliqué.

·        Les transactions de troc s'effectuent très généralement entre deux acteurs. Comment organiser des transactions multilatérales, du style, A donne à B, B donne à C, C donne à D qui donne lui à A. Tout ceci est tellement hypothétique que le manque de précision quant au produit, puis au moment de la transaction… que des opérations régulières sont fort peu probables. Du moins, durablement de manière à satisfaire l'exigence de tous les acteurs économiques. La précision et la synchronisation des échanges sont devenus des atouts incontournables pour être performant dans l'économie actuelle.

·        Par ailleurs, il existe une autre raison plus juridique que technique celle-ci. Une opération de troc est une double opération d'échanges. Il s'agit donc de deux ventes bilatérales et simultanées. Les pays de plus en plus nombreux à travers le monde instaurent des systèmes d'imposition indirects. En France tout le monde connait la TVA. Comment échapper durablement au courroux de l'Etat si des milliers d'acteurs transigent entre eux sans s'acquitter de cette taxe. Autre question, comment établir le montant d'une TVA si préalablement à l'opération de troc un prix de marché n'a pas été fixé afin d'évaluer avec justesse le montant de la taxe ? Et enfin, si un prix de marché est fixé, pourquoi troquer ? Autant faire une double vente avec une double facture et compenser ensuite les paiements pour éviter la circulation monétaire.

Ces quelques arguments ci-dessus, non exhaustifs, démontrent si il est utile, qu'un retour au troc n'est que très peu probable. Vouloir à tous prix remplacer un système par un autre, pourquoi pas ? Mais que ce dernier symbolise concrètement une évolution sociale, économique et technique. Dans le cas présent, il semble au contraire que ce choix serait guidé par un sursaut de nostalgie, plus que par la sagesse et le progressisme.